Ma correspondante, mon amie imaginaire
Par LaPlumeParce que sans elle, ce site n'aurait peut être jamais existé, je me devais de vous parler de ma correspondante, THE correspondante. Avec qui j'ai échangé plus que des lettres pendant plus de 10 ans.
Une amitié épistolaire
Tout a commencé en 1995 et j'ai dû me creuser la cervelle pour m'en souvenir mais, il me semble que c'est à la suite d'une petite annonce déposée dans un magazine sur les chats (oui mon amour de ces boules de poils ne date pas d'hier) que tout à commencé. Je cherchais des correspondants, pour avoir des timbres notamment. J'ai reçu pas mal de lettres, mais je me souviens surtout d'une mamie et de ses persans, d'un type un peu louche qui n'avait pas de chat, d'une gothique qui trouvait la mort trop cool et puis celle qui fut ma correspondante. THE correspondante.
Les premières lettres étaient plutôt sages. Bien écrites sur du papier blanc et puis nous nous sommes détendues. Le papier blanc a laissé sa place aux feuilles à carreaux perforées que l'on utilisait en cours. Parce que j’écrivais beaucoup pendants les cours il faut dire... pendant les cours qui ne me passionnaient pas ou qui me passionnaient justement parce que j'avais beaucoup à en dire. C’était à tel point que presque tous les jours j'avais droit à un « Encore en train d'écrire à ta corres' ? Mais qu'est-ce que t'as de si intéressant à raconter ?» de la part de mes copains de classe. Et c’était pareil de son coté. J'ai même eu droit parfois à des petits mots de la part de ses amis, intrigués par cette relation si particulière.
Qu'est ce qu'on se racontait ?
On se racontait littéralement nos vies. Nos joies, nos délires d'ado, nos peines de cœur, tout ! Très vite il a même fallu numéroter les pages de nos envois qui dépassaient parfois les 100 pages. En cas d'accident il valait mieux pouvoir tout remettre dans l'ordre !
Chacune de mes pensées atterrissaient sur le papier. J'avais même parfois l'impression d’écrire avant de penser. Quoi qu'il m'arrive je devais le lui raconter. C’était comme un journal intime sauf que quelqu'un me répondait, m’encourageait, me félicitait ou m'engueulait carrément.
Dans une de ses lettres à J. M. Coetzee, Paul Auster décrit à la perfection ce que je ressentais pour ma correspondante, cette fille que je n'avais jamais rencontré et qui pourtant était toujours avec moi. :
« Il y a deux jours, j'ai eu une révélation saisissante sur l'effet que notre correspondance a eu sur moi. Nous nous y consacrons depuis trois ans maintenant et, pendant cette période, tu es devenu ce que j'appellerais un « autre absent », un genre de grand cousin des amis imaginaires que les enfants s'inventent. J'ai découvert que, lorsque je marche, je te parle souvent dans ma tête, souhaitant que tu sois avec moi afin que je puisse te montrer la personne à l'allure étrange qui vient de me doubler sur le trottoir, commenter les étranges bribes de conversation que je viens d'entendre par mégarde ou t'emmener dans le petit magasin de sandwichs où j’achète souvent mon déjeuner afin que tu puisses écouter avec moi les conversations qui s'y déroulent. » Ici & maintenant: correspondance 2008-2011 - Paul Auster, J. M. Coetzee, Actes Sud
To be continued...
Sa dernière lettre datait de 2005. Parce que je commençais des études, une vie chargée et qu'elle partait à l'autre bout du monde nos échanges ont continué par mails mais avec beaucoup moins de régularité et d'importance. Puis un mail de temps en temps pour donner quelques nouvelles, pour les événements importants de nos vies quoi.
Et puis en 2015, pile 20 ans après le début de notre aventure épistolaire, sort N'Oublie pas d'Ecrire ! Pour lui annoncer la sortie du site, je lui ai envoyé une petite lettre comme au bon vieux temps. Par miracle ma lettre est arrivée à bon port. Oui parce qu'entre temps la miss a déménagé mais la factrice connaissait sa mère, lui a remis la lettre qu'elle a donné à sa fille. Si ça s'est pas le destin ! Du coup, devinez quoi, on remet ça !
Si vous aussi vous avez une histoire épistolaire à raconter, n'hésitez pas à nous contacter, on sera ravi de la publier !