Flânerie épistolaire et littéraire à Manosque
Par LaPlumeDu 24 au 28 septembre 2014 se déroulait la 16e édition du festival "Les Correspondances" de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Depuis quelques années le festival a su réunir tous les passionnés des mots : écrivains, artistes, chanteurs et bien sûr, un publique qui ne manquerait le rendez-vous pour rien au monde.
Station Littérature, 5 minutes d’arrêt
Chaque automne depuis 1999, la jolie ville bâtie sur un contrefort du Luberon accueille « Les correspondances », un festival qui célèbre l’écriture et la littérature.
Avec un tel nom et un partenariat avec la fondation La Poste, on attendait de ce festival qu'il mette à l'honneur l’échange épistolaire sous toutes ces formes, on et venu là pour ça. Mais, ce n'est pas tout à fait le cas.
Ce festival se vit un peu comme un voyage en transport en commun. Il y a foule, sauf que tout le monde est content d’être là. Chaque festivalier est libre de descendre à l’arrêt qui lui chante pour prendre une correspondance : « Littérature », « Art », « Musique » ou, bien entendu, l’arrêt « écriture ». D'ailleurs pendant le festival, même monter dans un bus (un vrai) est un aventure.
Même si avec un tel nom et un partenariat avec la fondation La Poste, on attendait de ce festival qu'il mette à l'honneur l’échange épistolaire sous toutes ces formes, « Les Correspondances » célèbrent principalement la littérature. Et tout le gratin de la rentrée littéraire à répondu pressent : Olivier Adam, Joy Sorman, Emmanuel Carrère, Sylvain Prudhomme, Éric Reinhardt, Olivia Rosenthal, et biens d'autres venus dédicacer, participer à des débats ou à des apéros littéraires.
Le soir venu, les mots se mettent en musique. Concerts/lectures avec en guest star La Grande Sophie, Gaëtan Roussel, JP Nataf ou encore Raphaël pour ne citer qu'eux.
Un festival pour tous et par tous
Toute la ville avait été mise à contribution pour célébrer la lettre et la littérature. Chaque coin de rue, chaque établissement pouvait cacher son lot de surprises.
En pleine rue, on pouvait tomber sur des cabanes de plages au parfum de vacances. Là, de très gentilles dames invitaient les visiteurs à jouer les Georges Perec en tentant le Lipogramme (un texte à qui il manque une lettre). Écrire quelques phrases sans E ou sans A, pas facile mais très drôle ! Ailleurs, des livres géants proposaient de s'essayer à la poésie par le biais d'exercices tout simples.
Pendant la durée du festival, galeries, ateliers et autres lieux culturels ou insolites ouvraient leur portes gratuitement. L'occasion de visiter par exemple la Fondation Carzou, le centre Giono ou de découvrir le travail de jeunes artistes.
Dans la vieille ville, chaque boutiques étaient décorées. Parmi les articles présentés dans les vitrines, se cachaient ça et là un livre, une pile de vieilles lettres, des stylos, des plumes. Même les murs de la ville participaient au festival à leur façon. Placardé un peu partout, des extraits de poème calligraphiées poussaient les passants, d'habitude si pressés, à faire une pause. On fini par se prendre au jeu de la chasse au trésor, à l’affût de la petite phrase suivante.
Et la correspondance dans tout ça ?
Partout dans la ville, (quand je dis partout, c'est partout) des écritoires étaient installés pour permettre aux festivaliers d’écrire de jolies lettres dans une atmosphère chaque fois différente: un coin de rue, une terrasse de café, chez le coiffeur, dans un ambiance romantique au milieu des fleurs ou plus spirituel dans une église, dans un livre géant, sur une œuvre d'art ou pour les plus téméraires, dans une cage ou à 3 mètres du sol. Les enfants aussi étaient invités à écrire, dessiner et jouer avec les mots, sous un tipi ou un arbre à cartes postales réalisés par les écoles du coin. Cartes, lettres, stylos, enveloppes était à la disposition du public et les lettres étaient acheminées ensuite gratuitement. On a testé, ça marche très bien. Bon par contre pas de tampon de La Poste, c'est dommage l’enveloppe manque un peu de cachet du coup... ah ah... hum.
Les Manosquins quant à eux pouvaient participer au concours annuel de boites aux lettres décorées . Malheureusement nous n'en avons pas vu lors de notre passage alors n'hésitez pas à nous envoyer vos photos si vous avez participé.
Pour finir, la ville a installé un peu partout des boites à livres, pour échanger des livres avec tout le monde. Et devinez ce qu'on a trouvé ? « Lettres de ruptures » : Dix-huit lettres par dix-huit auteurs, tous passés par Manosque lors des "Nuits de la Correspondance ». Promis, on le libérera l'année prochaine.
C'est vraiment incroyable de voir que toute une ville est capable, pour quelques jours, de s'animer et de s'impliquer autant. Olivier Chaudenson, le directeur du festival nous dit : Au fond, Les Correspondances souhaitent nourrir les quatre sens de l’esprit que distingue Pascal Quignard : « rêver, lire, penser, méditer ». Sans oublier d’en faire une fête, à laquelle vous êtes tous conviés. » Paris tenu, rendez vous l'année prochaine ça c'est sur !