Champagne et correspondance avec Petronille d'Amélie Nothomb
Par LaPlumeAprès « Robert des noms propres », Amélie Nothomb nous brosse dans « Pétronille » le portrait mi réel, mi fiction, d'une de ses amies. Et comme dans « Une forme de vie », il est aussi ici question du rapport que l'autrice entretien avec ses correspondants.
Amélie rencontre une des ses correspondantes
Amélie Nothomb aime le champagne. A tel point qu'elle est capable d'en boire comme boirait une chamane d'Amazonie : en jeûnant avant d'accueillir un breuvage sacré capable de provoquer des transes mystiques.
Heureusement, elle a un grand principe, que je partage complètement, on ne peut pas boire seule et encore moins avec n'importe qui. L'auteure se donne alors pour objectif de trouver une personne capable de partager sa vision de l'ivresse, une « convigne » digne de ce nom.
Pour ceux qui l'ignoreraient, Amélie Nothomb est une épistolière, une vraie. Elle entretient des correspondances avec tout un tas de gens ainsi qu'avec bon nombre de ses fans. C'est en dédicace qu'Amélie rencontre une de ses correspondantes. En un clin d’œil elle reconnaît en elle cette acolyte qu'elle cherchait.
Dès lors, toutes deux vont se lancer dans des beuveries expérimentales des plus drôles. Mais ce qu'elle ignore c'est que cette rencontre va bouleverser sa vie.
Entre fiction et réalité
Comme tous les romans d'Amélie Nothomb, « Pétronille » se lit très facilement.
On prend plaisir à lire les péripéties, de ces deux buveuses. « Pétronille » parle de champagne bien entendu, mais aussi de la France (pays des plus exotique pour cette Belge) et surtout d'amitié.
De son aveu, Amélie s'est inspiré de son amie Stéphanie Hochet pour brosser le portrait de la quelque peu revêche Pétronille Fanto et certaines de leurs aventures ont bien eu lieu. D'ailleurs, les anecdotes bien que loufoques sont crédibles. Mais, la fin du roman nous rappelle qu'il s'agit bien là d'une fiction.
« J'écrivis à Pétronille l'une de ces lettres dont j'ai le secret. Il est très difficile d’exprimer une admiration profonde à qui l’inspire. Par oral, j’en suis incapable. La plume me permet de contourner ce blocage. À l’abri du papier, je parviens à me désempêtrer de mon excès d’émotion. Pessoa dit qu’écrire diminue la fièvre de ressentir. Ce propos sublime ne se vérifie pas chez moi, au contraire : écrire augmente ma fièvre de ressentir mais, à la faveur de cette élévation grave d’une température déjà critique, fait jaillir des formes précises de la confusion dans laquelle je baigne.»
J'avais un peu laissé de coté les Nothomb je dois bien l'avouer, un peu lassée. Je n'ai pas aimé Barbe-Bleue par exemple mais « Pétronille » ne pouvait que me plaire (humour, courrier, picole et Systeme Of A Down !) et m'a fait renouer avec cette chère Amélie qui rappelons-le, vient de sortir « Le Crime du comte Neville » toujours chez Albin Michel.