Vacances d'été : 6 idées de lectures épistolaires
Par LaPlumeAvec l’Été qui est là, vous vous demandez peut être quel livre emporter à la plage ? Pour, peut être, vous donner des idées, voici les derniers livres plus ou moins épistolaires que j'ai lu ces derniers temps.
Du fond de mon cœur : Lettres à ses nièces de Jane Austen
« Du fond de mon cœur : Lettres à ses nièces » est un joli petit recueil de lettres écrites par Jane Austen à trois de ses nièces (Caroline, Anna et Fanny) durant les trois dernières années de sa vie. On y découvre une Jane pleine d'affection et très présente pour ses nièces. Elle leur prodigue toutes sortes de conseils sur leur quotidien, leurs écrits (certaines ont eu envie de suivre les pas de leur tante encore méconnue du grand public à l’époque) et sur leurs affaires de cœur évidemment. Elles échangent également des impressions de lecture et Jane ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'agit de littérature !
« Ma chère Caroline,
J'ai suivi tes progrès & je trouve ton écriture admirable. Si tu continues de t'améliorer autant que tu l'as déjà fait, d'ici six mois je n'aurais sans doute plus du tout la tentation de lever les yeux au ciel. »
Mon avis sur ce livre est assez mitigé. J’étais très enthousiaste à l’idée d'en savoir plus sur la vie de l'autrice de « Orgueil et préjugés » et j'avoue avoir été un poil déçue. On y apprend que peu de chose et je regrette de ne pas avoir la réponse de ses nièces à ces lettres. En même temps, j'ai bien aimé être plongée dans l'ambiance de l’époque. J'ai trouvé la relation de Jane Austen avec ses nièces très touchante. Elle leur écrivait même des lettres codées ! En tant que tata, j’espère avoir ce genre de relation avec mes neveux et nièces !
Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig
Un romancier célèbre reçoit un jour une lettre sans nom ni adresse d'expéditeur. La missive commence par ces mots :
« À toi qui ne m'a jamais connu. Mon enfant est mort hier. »
Ça met tout de suite dans l'ambiance. Le livre est une très longue lettre d'amour passionnée, aussi belle que flippante...
À l'heure de sa mort, qu'elle pense proche, elle souhaite tout lui avouer. Son amour dévorant pour lui depuis qu'elle a 13 ans et tout ce qu'elle a du endurer après leur rencontre, sans qu'il ne le sache jamais.
J'ai dévoré ce livre en une matinée, chose exceptionnelle pour moi. J'étais très touchée par le drame qu'a été la vie de cette femme dont on ne connaît même pas le nom tant elle s'est effacée, sacrifiée. On entrevoit d'ailleurs, ce qu'ont pu être les conditions de vie des femmes de cette époque, en particulier quand elles étaient mères célibataires.
J'aurais bien balancé mon livre par la fenêtre quelquefois tellement j'étais en colère contre cet homme. Bref un livre court mais intense !
À l'enfant que je n'aurai pas de Linda Lê
La collection « Les affranchis » des édition Nil propose à des auteurs et autrices d’écrire une lettre qu'ils n'ont jamais écrite. Dans cette collection, j'avais déjà lu « L'autre fille », de Annie Ernaux qui écrivait à sa sœur décédée. Ici, Linda Lê explique à l'enfant qu'elle n'aura pas, pourquoi il ne verra jamais le jour. Je ne connaissais pas l'autrice et le titre m'attirait beaucoup, mais malheureusement, j'ai été un poil déçue.
Je crois que j'ai eu un peu de mal avec le style de Linda Lê et les premières pages m'ont quelque peu agacé. J'avais l'impression qu'elle essayait de se justifier, comme s'il fallait absolument une blessure personnelle pour ne pas vouloir d'enfants.
Toutefois, elle décrit assez bien la pression que peuvent parfois subir celles qui ont fait ce choix. J'aurais, par exemple, bien mis quelques baffes à son compagnon qui alternait entre harcèlement et chantage.
« J'étais comme une vagabonde déjetée au milieu de la cohue, tout le monde voulait me nuire, me sauter dessus, j'étais suspectée d'avoir le culte du moi, incriminée pour délit de non-appartenance : je n'avais aucun sens du devoir, j'étais un figuier qui ne portait pas de fruits.»
Mémé, t'as du courrier ! de Jo Hoestlandt
Annabelle a 12 ans et son papa aimerait bien qu'elle apprenne à se servir d'un ordinateur. Pour rendre la tache moins pénible, elle décide d'utiliser la machine pour écrire des lettres à son arrière-grand-mère de 84 ans. Une touchante correspondance va alors s’établir entre elles deux.
J'ai bien aimé ce petit livre jeunesse (dès 10 ans) parce qu'on assiste à la belle évolution de leur relation. Même si deux générations les séparent, elles se rendent compte qu'elles ont beaucoup en commun.
« Je n'ai pas pris l'ordinateur pour t'écrire cette fois parce que dans ta première lettre, que j'ai relue, tu disais comme tu aimais recevoir mon petit courrier écrit au stylo-plume, avec ses fautes d'orthographe...
Avec le stylo-plume il me semble que je te dirai d'autres mots, de vrais mots, sortis de mon cœur.»
Les erreurs inconnues de nos vies de Chitra Banerjee Divakaruni
Je triche un peu avec ce recueille de nouvelles mais je l'ai tellement aimé qu'il fallait que je le glisse ici. Ne vous en faites pas, il est question d’écriture quand même ! Chitra Banerjee Divakaruni donne la parole à des femmes qui nous parlent de leurs doutes et surtout du choc des cultures entre l'Inde et les États-Unis.
J'ai particulièrement aimé la premier nouvelle intitulé « Mrs. Dutta écrit une lettre ». Madame Dutta est veuve et déménage en Amérique pour se rapprocher de son fils. Sa voisine et amie restée en Inde lui écrit une lettre et lui pose une simple question à laquelle elle aura bien du mal à répondre : « Êtes-vous heureuse en Amérique ? ». J'ai été très touchée par cette femme complètement perdue malgré la présence des siens.
« Tandis que les pommes de terre blondissent, elle s'autorise un moment de nostalgie pour sa cuisine de Calcutta - le nouveau réchaud à gaz acheté avec l'argent que Sagar lui avait envoyé pour son anniversaire, les marmites de cuivre récurées empilées contre le garde-manger, la vitre au grillage à motif de lotus à travers laquelle elle pouvait apercevoir les enfants jouant au cricket après l'école. L'odeur alléchante de gingembre et de piment, fraîchement moulus par Reba la servante, et, le soir, le thé noir d'Assam, bien fort, infusant dans la bouilloire quand Mrs. Basu lui rendait visite. En pensée, elle écrit à Mrs. Basu : Oh ! Roma, tout cela me manque tant que j'ai parfois l'impression qu'on m'a fendu la poitrine et qu'on m'en a arraché un morceau. »
Une autre nouvelle porte le titre du recueil. Ruchira est sur le point de se marier avec Biren. En triant ses affaires, elle tombe sur un vieux carnet qu'elle tenait ado. Elle y faisait l'inventaire de ses erreurs pour essayer de ne plus les reproduire et de se perfectionner. Maintenant, qu'elle est adulte et parfaite, que tout va pour le mieux dans sa vie, elle pense jeter ce carnet qui ne lui servira plus désormais. C’était sans compter l'intrusion dans sa vie de l'ex de son cher Biren.
Haïcontes de Philippe Simon
L'auteur a eu la gentillesse de m'envoyer une des nouvelles extraite de son recueil « Haïcontes ».
« La fuite » est la lettre qu'une jeune femme adresse à la personne qui lui a sauvé la vie quelques années auparavant. J'ai bien aimé le petit twist finale. Écriture simple et ton direct, je ne sais pas comment est le reste du recueil, mais l'esprit Haiku est bien là.
« Cher monsieur,
Vous ne vous souvenez sûrement pas de moi, c’est bien normal. Vous ne vous
rappelez pas mon nom. Vous ne l’avez jamais su.
Je m’appelle Virginie Leclerc. J’ai quarante ans. Sans faire injure à votre âge,
je pourrais être votre fille.
Et vous m’avez libérée.»
P.s :Pour plus d'idées de lecture (romans épistolaires ou correspondances) n'hésitez pas à consultez la bibliographie que vous trouverez ici et là.